Le système est simple : j'écris un morceau d'histoire, lui la suite, moi la suite de sa suite, etc, jusqu'à un moment indéterminé.
Pour lire la suite, il vous suffit de cliquer sur le "o". Chaque lettre correspond à un chapitre.
Pour information, il n'y a pas de scénario prédéfini, c'est une sorte "d'improvisation". Sur ce, Enjoy]
T.o.
Reconnaissons ce qui est. Certaines personnes se sapent si mal qu'un yéti tatoué au henné jaune fluo aurait meilleure allure. C'est exactement ce que je me disais en regardant les types assis en face de moi dans le métro. Je ne les regardais pas directement, non, j'utilisais la vitre et son reflet. On vous prend pour un con qui regarde les rails, mais vous pouvez voir dans votre dos : très pratique. Et ces types avaient vraiment une façon de se saper qui aurait dû provoquer une attaque chez la vieille mamie debout à côté d'eux. Ils n'avaient pas cédé leur place, et moi non plus, au besoin je pouvais prétexter qu'ils me bloquaient le passage – partiellement vrai. Il faut aussi remarquer que le voyage en métro (dans le même ordre que tout voyage urbain à une quelconque heure de pointe) est quelque chose de particulièrement agaçant, énervant, étouffant, et au final, épuisant. Aussi, c'est uniquement dans un souci d'économie d'énergie que je n'ai pas frappé le mec d'en face qui venait de me traiter de débile, je pouvais prétendre que mon MP3 faisait trop de bruit. Encore deux arrêts et ça serait le mien. Je pourrais descendre, éventuellement lâcher une grenade à fragmentation imaginaire aux pieds de ces imbéciles, et retrouver l'air délicieusement pollué de la civilisation.
Même lorsque vous êtes comme moi un casanier profondément convaincu, il arrive parfois que vous ayez à sortir. Ne serait-ce que parce que c'est votre petite copine qui vous l'a demandé. Ou parce que vous considérez que la tâche à accomplir à une valeur suffisante pour gâcher autant d'énergie dans un lieu public totalement bondé. Le genre de connerie que vous ne voulez pas faire, que vous trouvez stupide une fois que vous êtes dedans, et que vous êtes fier d'avoir accompli une fois tout ça fini. Mais je maintiens : le métro c'est nul, le bus c'est nul, le tram c'est nul, donc au final, là où il y a des gens, c'est nul. On pourrait dire que je suis misanthrope. Il n'en est rien. Je déteste simplement être forcé de côtoyer des gens que je n'aime pas. Et tout déplacement en public dans une ville comme celle-ci implique de se frotter à des échantillons douteux de pseudos-humains. On pourrait me faire remarquer que conduire c'est bien, et c'est un fait, mais je n'ai pas de voiture, et aucune que je peux emprunter.
- Pardon, je descends au prochain.
Cet enfoiré n'a pas bougé, et il m'appelle à nouveau par une insulte.
- J'ai dit pardon.
- Et moi je dis que t'es con.
Un type qui cherche vraiment la bagarre ne sera pas énervé. Il sera tendu et pâle, pas rouge de colère. Ce type cherchait juste à m'énerver. Je devais rester calme pour ne pas lui faire plaisir.
- Je voudrais passer.
Cette fois, il se lève et se place devant moi. Je crois que du PQ lui irait mieux que ces fringues actuels, et, curieuse coïncidence, il a une tête de cul et une haleine de chiotte.
- Ouais, ben moi je veux pas te laisser passer.
Rester calme ne veux pas dire que vous devez vous laisser faire. Aussi, je crois qu'il a été doublement surpris lorsque mon genou a percuté son ventre, et quand je l'ai traîné avec moi hors du métro, vu qu'entre-temps ce dernier était arrivé à ma station. Les gens n'ont rien fait, bien sûr. Une jeune fille pourrait se faire violer sous leurs yeux qu'ils ne s'en mêleraient pas, "C'est pas mes affaires" qu'ils diraient. Crétins. J'ai enfermé l'autre déchet dans les toilettes publiques à côté de la bouche de métro, histoire de le faire réfléchir un peu, puis je me suis remis en route.
Dans les choses que je déteste, il y a les places fréquentées par les skaters, gothopouffes et autres saloperies anciennement des Hommes, une telle concentration de gens détestables au même endroit me donnant mal au crâne.
Avec mon jean, ma veste et mon MP3 vissé sur les oreilles, je passais inaperçu au milieu de cette bande de pingouins (encore que des pingouins seraient plus vifs intellectuellement), mais cela n'ôtait pas ce sentiment désagréable de "mauvais feeling" qui ne m'avait pas quitté depuis que j'avais franchi le seuil de ma porte, clés, portable et MP3 à la main.
En fait, je devais descendre en plein centre-ville, ce qui voulait dire quelques stations de tram. Et ça ne m'enchantait pas vraiment. Non, en fait, ça ne m'enchantait pas du tout.