Mercredi 15 juillet 2009 à 10:33

[Troisième Partie : RuIns [The Realm] ]
 

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J'ai attrapé le coca et j'ai siroté ce qui restait, tapant beaucoup trop vite à mon goût dans les glaçons remarquablement infâmes qui accompagnaient toujours ce genre de boisson. A en croire ma charmante mais néanmoins mystérieuse interlocutrice, nous étions, elle et moi, dans une profonde merde, et j'étais sensé jouer le rôle du chevalier en armure. Le genre de rôle que je détestais. Cela dit, en supposant que l'autre timbrée ait raison, je n'aurais pas trop le choix.

- Donc, si je t'ai suivi, cet endroit est une déformation de la réalité, c'est bien ça ?
- Oui.

Je venais de regagner son attention.

- En quoi la réalité est-elle déformée par rapport à la "vraie" réalité, alors ?

Elle fit la moue.

- C'est une copie de notre "réalité" sur le plan de la représentation du décor, mais il n'y a pas les même lois physiques, je peux te l'assurer. Nous sommes dans un monde où les maîtres sont le Croque-Mitaine et le Marchand de Sable, ils font ce qu'ils veulent ici.
- Oui, ça tu l'as déjà dit. Mais concrètement ça veut dire quoi ?

Elle soupira et se mit à tripoter nerveusement ses cheveux, visiblement agacée par le faite que j'en sors encore à ce stade.

- Ca veut dire qu'ils vont nous faire la peau, voilà ce que ça veut dire. Et je ne compte pas me laisser avoir. D'autant qu'ici, le supplice est éternel.
- Magnifique, on est dans une version modernisée du Tartare, alors ? Ca veut dire qu'il doit y avoir des millions de groupies hystériques...

Ma tentative d'humour l'a laissé complètement indifférente, et elle enchaîna sans attendre :

- Il va falloir qu'on parte. Ils ne vont pas tarder.
- Qui ça "ils" ? Le Croque-Mitaine et le...
- Non, leur avant-garde.
- Mazette, ils ont une avant-garde ces deux pékins ? Eh beh.

Encore une tentative d'humour qui tombe à plat. J'ai décidé de reprendre mon sérieux et de lui montrer :

- Il faut qu'on se dirige au commissariat le plus proche. Comme d'habitude, dans le commissariat, y'a des armes. Et les armes, ça sert.
- Comme d'habitude ?
- Dans n'importe quel scénario un tant soit peu catastrophique, il faut aller se ravitailler en armes au point le plus proche, dans notre cas : le commissariat, qui n'est pas très loin. La base, c'est la base.
- Je ne sais pas si ça sera vraiment d'une grande utilité...
- Tu as un meilleur plan ? Non ? Bon.
- Je crois que tu confonds ce qui nous arrive avec une invasion zombie.
- On commence par ça, on avise ensuite, d'accord ?

J'ai sauté de mon tabouret et après m'être épousseté un minimum, j'ai poussé la porte et je l'ai tenue pour que la jeune fille me suive. Elle ne se fit pas prier et me gratifia même d'un très joli sourire pour lui avoir tenu la porte. Mauvaise idée de me laisser embarquer dans des histoires de charme à un tel moment.

- Au fait, je ne connais pas ton nom.
- Kim. Appelle moi Kim.

Jeudi 25 juin 2009 à 3:51

[Seconde Partie : RuInS [The Lady in White] ]
 

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Je l’ai regardé droit dans les yeux. Elle savourait son effet. Logique. Mais je ne pouvais pas être certain qu’elle dise la vérité, vu que ça ne tenait absolument pas debout.

- Ahin.

Je crois que c’est la seule chose qui m’est venue à l’esprit. Elle ne pouvait pas savoir si j’y croyais ou non, et j’allais avoir besoin de beaucoup de preuves pour y croire. Ne serait-ce que l’existence d’un dieu était déjà une chose à démontrer, et il allait falloir amener de sacrés arguments pour que je les considère valides.

- Je ne plaisante pas, dit-elle. Je ne plaisante vraiment pas.

Son regard avait changé et j’y lu de la peur et de la panique. Mauvais. Très mauvais. Quelque soit ce qui menaçait sa vie, si elle paniquait, ça risquait de n’aider ni elle ni moi. Et en supposant qu’elle ait raison, je n’avais pas l’intention de me laisser tuer. Dans dix jours j’étais censé retrouver des amis pour passer une semaine ensemble, et rien ne m’en empêcherais.

- Si tu commençais déjà par me faire le topo. Comment on arrive "ici", qui sont les zèbres qui nous en veulent, et d’ailleurs, c’est où "ici" ?

Elle soupira. Ca n’avait pas l’air de l’enchanter que quelqu’un qui ne connaisse rien soit venu la rejoindre. Elle avait probablement planifié de recevoir de l’aide avec moi, ou plutôt avec celui qui aurait dû venir à ma place, parce que je ne me souvenais pas avoir fait la demande de mutation pour cet endroit, quoiqu’il soit. J’essayais de ne pas me pourrir mon repas avec mes réflexions, mais le combat semblait vain.

- Je ne sais pas vraiment comment on arrive ici, je sais juste que c’est une déformation de la réalité. Et que seuls ceux qui ont un lien avec cet endroit peuvent y arriver.

Ce qui impliquait directement que j’avais un lien avec l’endroit. Et qu’elle aussi. Autant pour elle je ne savais pas, autant pour moi j’étais sûr de ne pas en avoir.

- Et concernant les deux gugusses qui nous en veulent ?
- Le Marchand de Sable et le Croque-Mitaine, corrigea-t-elle. Ils font partie intégrante de cet endroit et ils sont les maîtres ici.

J’ai froncé les sourcils et avalé la dernière bouchée de mon hamburger.

- Et comment tu sais tout ça ?
- Tu poses trop de question.

Son ton était ferme, mais pas méchant. Ce n’était pas une menace, juste une constatation.

- J’essaye juste de me renseigner. Je n’ai pas l’intention de me laisser avoir. Et je ne crois pas que toi non plus. Alors ou on essaye de s’organiser un minimum, ou on laisse les deux autres nous tuer.

Elle se mit à regarder ses talons hauts et elle murmura doucement :

- Si seulement ça se limitait à nous tuer…


Vendredi 29 mai 2009 à 8:20

[Seconde Partie : RuIns [The SoulLess Place] ]
 

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J’aurais dû hausser les sourcils, ça aurait probablement fait mieux. A vrai dire, j’avais beaucoup hésité. Longtemps. Entre un dixième de seconde et une demi-seconde, quoi. Une éternité, pour mon cerveau. Mais je me suis simplement contenté d’attraper mon coca et de siroter une grande gorgée du liquide.

- Bonsoir, ai-je répondu, la paille toujours entre mes dents.

J’ai hésité à l’inviter à s’asseoir, mais finalement j’ai préféré tirer encore un coup sur la paille, tout en la scrutant attentivement. Vraiment très belle, et assurément en plein forme, avec sa robe blanche et ses talons hauts, blancs aussi. Sa peau pâle n’avait même pas une égratignure. Elle finit par s’installer en face de moi, un coude sur la table et son menton dans la paume de sa main, l’air un peu ennuyée.

- J’aurai besoin de ton aide.

Là, pour le coup, j’ai haussé les sourcils, et je l’ai regardé droits dans les yeux, tirant encore plus fort sur mon coca. On ne t’a jamais dit qu’on ne tutoyait les gens qu’avec leur permission, jeune fille ?

- Sans dec’ ?
- Tu n’a pas l’air franchement ému.

C’est le moins qu’on puisse dire. A l’heure actuelle, la salade certainement pas bio introduite dans mon hamburger a plus d’intérêt que tes fesses. Quelqu’un qui vit tranquillement alors que quelque temps auparavant, cette personne était tout ce qu’il y a de plus morte, ça ne m’émeut pas. Ca me fait cogiter. Surtout que les choses anormales s’enchaînaient, en ce moment, et ça me faisait encore plus cogiter.  Ce qui me donnait faim. J’ai attrapé mon hamburger et je lui demander de détailler. Je pouvais quand même me permettre d’écouter son problème tout en mangeant.

- Je suis en danger. De mort.

Je n’ai pas cillé pour autant, et j’ai continué à mordre dans mon hamburger avec une assiduité démontrant ma faim. Mon regard blasé lui a probablement fait comprendre qu’il faudrait plus que ce genre de propos pour me faire réagir. C’est probablement pourquoi elle a ajouté, tout en décroisant et recroisant ses jambes sous la table :

- Et toi aussi.

Cette fois-ci j’ai arrêté de mordre dans le hamburger et je suis repassé sur le coca. Elle savait forcément quelque chose que je ne savais pas, quelque chose de capital et qui, selon toute probabilité, était relié aux faits étranges qui étaient survenus depuis mon réveil.

- Ahin. Et qu’est-ce qui te fait croire ça ?
- Ils veulent me tuer parce que j’ai survécu à la dernière fois. Et ils veulent te tuer parce que tu es le nouveau venu, évidemment.
- Evidemment.
- Je suis très sérieuse.
- J’imagine. Mais qui m’en veut, au juste ?

Elle a cillé des yeux, me signalant par là que c’était anormal que je ne sache pas qui voulait ma peau.  Des ennuis en perspective. Ses yeux bleus m’ont fixés tranquillement et elle a déclaré sur un ton calme :

- Mais les deux Dieux de ce cauchemar : le Marchand de Sable et le Croque-Mitaine, voyons.

C’était à dormir debout.
 


Mardi 19 mai 2009 à 5:42

Où est-ce qu'on est ?

Je ne sais pas. Je ne sais plus. Paumés quelque part, sur Terre probablement, pour le meilleur ou pour le pire.
Prisonniers de la gravité, comme si nous étions enchainés à cette planète, criminels coupables du seul acte de vivre, devant subir notre dépravation mutuelle en guise de torture avant d'être achevés.
Si Dieu et le Diable avait fait un pari, ça serait de voir si, durant son laps de temps (toujours trop court) de vie, l'Homme choisirait le meilleur ou le pire. On penche toujours pour l'un et pour l'autre, car le choix est le propre de l'Homme.
Le choix de tout, surtout les choix qui nous emmerde. Car il n'y a rien de plus chiant que les choix des autres qui ne nous conviennent pas.

J'ai du sang dans la bouche, je sais pas trop ce qu'il fout là, ni comment ça se fait que je saigne. Remarque, c'est pas grave, je suis trop mort pour être en vie bien longtemps.
Le monde est tordu, tourné dans un sens où il n'en a aucun. Il ne faut pas chercher à comprendre, et je ne cherche pas à comprendre. Je comprendrais de toute façon bien assez tôt.
Et j'atterrirai sur le sol avec la grâce et la prestance d'un avion en flammes, cherchant vainement à éteindre le feu qui me ronge à l'aide de quelque chose pour me tuer.


Il paraît que le suicide c'est fuir, et que donc c'est faible. Et tout le monde sait qu'être faible, c'est moche, et qu'il ne faut pas l'être. Fuir la vie, c'est mal et puéril.
Mais vivre aussi, c'est fuir. Plus on vit, plus on cherche à fuir la mort. C'est tout aussi puéril.



Mon thorax se soulève dans un effort qui me donne l'impression d'avoir un supermarché posé dessus. Le goût du sang qui passe entre mes dents et les brûlures de mon visage défigurant ce qui me reste de personnalité me rappellent à ma réalité bien trop douloureuse. 
Je retourne en enfer.

Home Sweet Home.



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Mardi 21 avril 2009 à 9:21

Le précédent article de ce blog étant un essai relativement expérimental d'écriture automatique, j'en retire un souvenir plutôt fendard et somme toute agréable. J'irai même jusqu'à pousser le vice et dire que dans l'absolu c'est plutôt à faire, au moins une fois dans sa vie pour voir ce qu'on peut écrire comme trucs très drôles.
Le principe étant de se coller devant une feuille de papier avec un crayon, de la musique (trop forte) sur les oreilles à un moment où on est bien stoned, limite en train de s'endormir debout, et de voir le genre de trucs rigolos que l'on écrit. Moi j'aime bien, je trouve que je sors des trucs très intéressants.
Ce n'est pas comme si ce blog était lu, de toute façon, mais je présume que s'il l'était, les joyeusetés sorties directement de mon cortex feraient fuir le peu de populace qui me lirait. Ou alors, je recrute chez les sociopathes, ils feraient un bon public, gais, joyeux et chaleureux.

Mais comme ça m'a plu, j'en ferais probablement d'autre, parce que ça me fait ricaner, et que j'aime bien ricaner.

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