Disarmonia Mundi - Oceangrave
Mardi 21 avril 2009 à 8:42
Disarmonia Mundi - Oceangrave
Dimanche 19 avril 2009 à 23:50
Ce bâtiment était en plein centre-ville. Un immeuble, pour avoir autant d’étages. Je n’avais vu aucune fenêtre, même murée. Un espace clos, privé, qui avait été transformé en terrain de jeux pour sociopathes notoires. Les murs devaient être hautement insonorisés, sans quoi l’intérêt de la chose se verrait réduit, et quelqu’un d’assez malin pour construire ce genre d’endroit n’aurait pas fait une erreur de cette taille. Quelqu’un capable de se payer se genre de trucs, ça va chercher dans les gens riches, et donc puissants. Quelqu’un qui engage un ancien militaire, avec un casier judiciaire et maniaque, ainsi que sa compagne (à moins qu’elle ne lui ai été fournie à ce moment), et leur ordonne de réunir une équipe de gens aussi drôles qu’eux pour faire du vilain, tout en leur donnant du matériel de l’armée, et pas en petite quantité. Une véritable section paramilitaire, avec locaux, salle d’entraînement, matériel et même un planning tout propre. Trente et une seconde.
Flèche rouge.
Flèche verte.
J’ai avancé à travers la porte. Cible à ma droite. Bang. Cible, plus loin. Bang. Cible. Bang. Cible. Bang bang. Plus les cibles apparaissaient, plus j’étais rapide, concentré sur ce que je faisais pour essayer de me souvenir. Essayer de faire ressurgir en moi mes réflexes, mes habitudes et ma capacité de survie d’antan. Ce sont des réflexes moteurs, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. La main droite qui presse la détente, en pliant l’index droit, la main gauche qui court le long du fusil pour pomper. La cartouche qui s’éjecte sur la droite, fumante, au dessus de mon bras.
Niels ne nous dit pas tout, c’est sûr et certain. Un panneau en bois s’arrache sous le coup de mon tir concentré. Est-ce que ça a vraiment quelque chose à voir avec An ? Un bruit derrière moi me surprend, je me retourne et j’ai le réflexe de viser un peu plus haut pour ne pas plomber le panneau de petite fille qui vient de se dresser. R, l’autre barge, est-il vraiment à notre recherche ou bien n’est-il que le prétexte pour nous réunir et nous entraîner ? Un type passe avec une kalachnikov à une fenêtre au-dessus de moi, je m’accroupis et je lui balance une cartouche en plein dans la tête, faisant voler des morceaux de bois et de carton un peu partout. Niels a-t-il besoin de nous pour quelque chose qu’il a en tête, ou se fait-il aussi manipulé ?
Deux panneaux se dressent devant moi, un terroriste avec une otage, et un flingue sur la tempe de la jeune femme. Je tire deux cartouches et le panneau se baisse : j’ai arraché le méchant et la gentille. Fin du parcours. Je recharge lentement. Quelque soit le merdier dans lequel je me suis fourré, je vais avoir besoin d’être sacrément attentif si je veux en ressortir vivant, et si possible, avec les autres. Main gauche qui coulisse le long du canon, fusil armé. Si Niels est effectivement tombé sur quelqu’un de plus malin que lui, y’a du souci à se faire. Beaucoup de souci. Je fais quelques pas pour sortir du champ de tir et revenir vers les autres.
- Ton parcours était impeccable jusqu’au moment où tu as arraché la jeune femme à la fin, dit Niels. Je ne te le cache pas : je suis surpris que tu t’en sortes si bien.
- Faut croire que je ne suis pas aussi lent que ce qu’on pourrait affirmer.
- On peut savoir pourquoi tu as démoli la tête de l’otage de sang-froid ? demanda Laura.
- Je trouve qu’elle te ressemblait, du coup c’est parti tout seul, répondis-je avec un sourire carnassier.
Pierre éclata de rire, chose qui me surpris mais qui ne me fit pas changer d’attitude. Niels était tout sourire, Laura sourit méchamment en plissant les yeux. L’adrénaline qui avait déferlée durant l’entraînement, et que je m’étais évertuée à garder sous pression, m’avait rendu mon mordant d’autrefois. J’avais par la même occasion prouvé que je n’étais pas plus mauvais qu’eux, et que je méritais ma place dans le groupe. C’était un début.
Maintenant, il fallait faire en sorte que Niels crache le morceau, d’une façon ou d’une autre.
- Bon, ceux qui veulent refaire le parcours, refaite le, même si monsieur fusil à pompe à démoli de façon permanente quelques cibles…
- Merci, merci.
- Et les autres ?
- On va en salle de musculation, réactiver un peu ce qui peu nous servir en combat rapproché.
Une salle de musculation. Encore un étage différent. Vu les murs complètement blancs et immaculés, seul Niels avait l’air de savoir où il allait. Laura faisait de son mieux pour sembler sûr d’elle, mais une attention un peu plus poussée à sa démarche démontrait qu’elle ne connaissait pas l’endroit aussi bien que ce qu’elle aurait aimé. Pierre s’enfermait encore dans son mutisme, et moi j’étais en tête à tête avec mes neurones en ébullition. La porte qui s’ouvrit donnait sur un vestiaire comprenant une douzaine de casiers. Niels ouvrit le premier casier venu et commença à se changer avec une tenue plus adaptée. Tout le monde fit de même, Laura ne rechignant pas à se déshabiller avec nous autres hommes.
Une fois que nous étions changés, Niels ouvrit la porte qui menait à la salle en question. Les murs étaient toujours d’un blanc immaculés, comme le sol, un des murs face à nous était recouvert de miroirs, les autres étaient vides. Pas une fenêtre, rien qui nous permettait de voir dehors. Laura m’aida à prendre un haltère tandis que j’étais sur le dos. La fonte était un poil trop lourde, et mes muscles furent douloureux dès le début.
- Tu ferais mieux de t’y habituer, tu vas en bouffer pendant une semaine, me dit la jeune femme avec un sourire cruel.
Mercredi 1er avril 2009 à 17:36
Aujourd'hui, le Patapon est dans le ciel.
Au dessus de la main.
(Pour info, c'est ma main et elle a été photomanipulée par l'affreux pour avoir un côté vivant et chatoyant, tel une Otarie congelée depuis des lustres et morte avant d'être congelée.)
"Non !"
Mardi 31 mars 2009 à 12:05
"Qui a laissé le putain de cadavre dans la Baignoire, bordel ?"
"Un nouvel oreiller, ça peut pas faire de mal."
"Pour l'amour du ciel, que quelqu'un me nettoie le couloir, y'a tellement de sang qu'on va finir par nous confondre avec une piscine publique !"
"Dix contre un qu'on retrouve ses jambes dans la Machine à laver."
"C'est incroyable comme le sang, ça tâche."
"Personnellement, je vise la tête, parce que quand ça s'arrache, c'est nettement plus drôle à regarder."
"Je suis prêt à parier que c'est à Murphy que je dois la perte de mes clefs."
"Mon chou, tu l'ouvres, ta porte, ou je te ruine la gueule ?"
"Chef, on a retrouvé le macchabé : vu son état, ils ont dû le passer au rouleau-compresseur."
"Pour décapiter, le Katana c'est comme les lessives de machine à laver : propre, net, rapide et efficace."
"Lalalalalalalaaaaalaaaaaalaaaaaaaa !"
"Putain fais chier, mes pompes toutes neuves salopées par des instestins !"
"Moi aussi je suis un artiste : je suis très doué pour la sculpture sur humain avec une hache."
"J'étais en train de me dire qu'avec un marteau et un burin, on peut en tailler, des Os."
"Rien à foutre, c'est toi qui ramasse la cervelle, moi je veux pas être salie par les neurones d'un con pareil."
"Fais moi penser à laver la caisse, la mémé de tout à l'heure a dégueulassé le capot."
"Connais-tu un son plus gratifiant que celui de la boîte crânienne qui explose ?"
"J'avais jamais remarqué que les Coeurs ça faisait des bruits si drôles une fois sortis du thorax."
"Désolé, mon père, mais je préfère croire en mon fusil qu'en votre dieu."
"Faut le dire : démembrer sur du Heavy Metal, c'est le pied."
"Les cheveux au vent, la musique à fond et des cadavres plein le coffre : la vie est belle, bordel."
"J'ai une de ces envies de Kimono..."
"Être aussi mal sapé, c'est criminel."
"File moi la Masse, je voudrais que son crâne connaisse une fin appropriée."
"Faudrait essayer de leur brûler la langue au Briquet, pour voir."
"C'est marrant, je me serais jamais doutée qu'il avait une telle capacité pulmonaire si je l'avais pas entendu Hurler."
"Couper les cordes Vocales, c'est un peu comme appuyer sur la touche 'mute'."
"Mommy, Mommy, I don't want to play Hyde and Sick."
Lundi 30 mars 2009 à 6:30
[Première Partie : RuIns [Awakening] ]
Les lampadaires ne sont pas tous allumés, ce qui apporte un effet mitigé sur ma personne. Un mélange d’appréhension et de manque d’intérêt profond pour la chose. C’est la deuxième partie qui l’emporte. Je ne suis pas dans la voirie, après tout, et ce n’est pas mon problème (du moins, pas directement) si le quartier se dégrade. J’étais convaincu que sur une grande avenue, tout redeviendrait normal. Normal.
Une fois sur un passage piéton, au beau milieu de l’avenue quatre voies, je me mis à rire. Normal. Ben voyons. Les voitures parfaitement garées, de façon irrégulière mais néanmoins ordonnée. Comme si un bambin avait reçu l’ordre de ranger sa chambre et qu’il avait poussé les voitures sur le côté, pour dégager le passage et donner l’illusion d’un truc rangé. C’était plutôt réussi, je dois dire. Hormis le vent et mes pas, aucun son ne semble venu de nulle part. J’ai les mains dans les poches. C’est rare. Surtout dans une situation pareille. Les mains dans les poches, c’est un signe de vulnérabilité. Un ajout supplémentaire sur le temps de réponse optimal que je peux avoir contre un quelconque danger.
Ma nuque me picote, et je consens à retirer une main de mes poches pour me la gratter. Pas besoin d’être un génie pour se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond. Et encore, je pense que faire des euphémismes en pareille situation est un mécanisme de refus de réalité plutôt profond. Mais c’est pas tout ça, j’ai la dalle. Les rues sont vides, et mon estomac aussi. Je pris donc la décision de me diriger vers un McDonald’s quelques rues plus loin.
Une ville vide, ce n’est pas rassurant, mais c’est d’un calme profond et apaisant. J’avais beau savoir que la panique aurait dû m'envahir, selon toute logique, mais j’étais à la fois trop fatigué et trop relaxé pour m’inquiéter de quoique ce soit. J’avais en tête la jeune femme qui avait été éventrée (selon toute probabilité), et je faisais notamment une fixation sur ses beaux cheveux blonds. Je ne me souvenais pas avoir jamais rencontré pareille créature, sans quoi j’aurais été plus qu’un peu marqué par son passage dans ma vie. Ce point étant établi, il restait plusieurs questions, à savoir : comment était-elle arrivée là, et qui avait ruiné ce corps pourtant si agréable aux yeux ? Si je ne pouvais répondre à la première, je supputais que la réponse à la seconde était quelqu’un d’aveugle, tant il fallait être profondément handicapé pour réfuter le fait que cette fille était d’une beauté profonde. Mais une telle affirmation était quelque peu troublante lorsque l’on en venait à la précision de "l’ouvrage" (à défaut d’autres termes) qu’était désormais le torse de la jeune femme.
Le temps de mes ruminations, me voici arrivé au bâtiment que j’attendais. D’un coup de latte dédaigneux, j’ouvrais la porte, m’attendant à ne trouver personne. Et j’avais raison. J’étais apparemment la seule âme sur plusieurs kilomètres à la ronde (voire même plusieurs dizaines de kilomètres, voire même la ville entière, mais je n’allais pas traverser cette dernière à pied pour confirmer), ce qui ne me gênait pas particulièrement. L’avantage de la restauration rapide, c’est que c’est vraiment rapide. Il n’y a pas de cuisson à faire en cuisine, aussi le client est-il servi rapidement. L’autre avantage, dont j’étais probablement le seul à avoir eu l’occasion d’en profiter, c’était que même quand les vendeurs et autres caissiers sont absents, on peut saisir la première bouffe qui nous vient sous la main, parce qu’elle est déjà cuite et donc comestible. Après un saut relativement professionnel par-dessus le comptoir, j’attrapais un plateau, deux cheeseburgers (avec un peu de chance, c’était ça), je me remplissais un truc de coca, je choppais une paille, deux grands trucs de frites, et je revenais du côté client du comptoir. Après avoir débarrassé soigneusement (autrement dit, avec un grand revers de ma manche) une table, j’entrepris de manger dans la paix et le calme profond dont je disposais depuis peu. Un rapide coup d’œil autour de moi confirma un de mes soupçons : vu l’organisation des plats, boissons, plateaux et autres outils et objets couramment utilisés dans ce genre d’endroit, les gens n’étaient pas partis. Ils avaient disparus, tout simplement. Mes neurones n’étant pas encore abreuvés suffisamment pour parvenir à une conclusion potable, je m’enfilais une grande rasade de Coca-cola. J’avais choisi cette table exprès, parce qu’elle avait vu sur la porte d’entrée du restaurant. Bien m’en a pris, car j’ai pu ainsi voir arriver la jeune blonde au teint pâle par la dite porte, dans une jolie robe blanche une pièce.
- Bonsoir, dit-elle.