J’ai pris connaissance des conditions du contrat, et je les accepte. La générosité des conditions susnommées me permet de voir en vous la bonté incarnée. Je sais que mon existence même n’est qu’une vaste blague, erreur de conception dont la probabilité n’a d’égal que son intérêt. Je ne vous demande certes pas de poser vos inestimables yeux et encore moins de salir votre regard en vous attardant sur ma personne, je ne suis pas digne de cela. Je ne suis même pas digne que vous pensiez à moi, de quelque façon que ce soit, ça risquerait de mettre de la poussière sur vos précieux neurones.
Votre magnificence réduisant à néant l’utilité déjà inexistante de mon âme, je vous supplie néanmoins d’accepter ce rebut de métaphysique inachevée qu’est mon esprit. D’ailleurs, vous êtes trop bon pour mériter que l’on vous vende quelque chose, c’est pourquoi je vous offre mon corps spirituel en preuve de ma foi et de ma loyale servitude en vous, foi et loyauté que tout le peuple de la Terre se doit d’avoir en reconnaissant un être véritablement supérieur.
Le paiement de votre part n’est que symbolique, tant votre intelligence et votre perception supérieure du monde qui nous entoure doit inspirer au reste d’entre nous misérables vermines, et à moi plus particulièrement, immonde vers ignoble et répugnant que je suis, le fait que l’esprit dépasse la matière. C’est d’ailleurs pourquoi je vous prie d’accepter mon âme, en espérant qu’elle ne salisse pas trop votre collection d’âmes tant elle est impure comparée à la finesse qui vous caractérise, vous et vos goûts artistiques.
Je me dépouille intégralement de mon moi pour vous. Je ne suis plus moi, je ne suis plus qu’autre, et tout autre que vous est forcément inférieur, bas mécréant dans la fange levant des yeux admiratifs devant le roi portant la couronne dorée en haut de son château. Je ne possède même pas la fange dans laquelle je patauge, tandis que vous possédez l’intégralité du royaume.
Je n'aurai pas la prétention de suggérer que mon âme vous serve de tapis : vous risqueriez de vous salir les pieds. De ce fait, je fais confiance à votre géniale ingéniosité pour trouver une utilité à ce débris éthéré qu'est l'incarnation de mon essence spirituelle. Vous saurez, j'en suis convaincu car je sais que la question ne se pose même pas, trouver un emploi qui sied à la médiocrité incarnée qui fait la quintessence de mon âme.
Pour ce qui est de mon corps physique, je ne vous ferais pas l'affront de vous expliquer en quoi il est irrécupérable et proche de la pourriture, votre omniscience légendaire n'ayant pas besoin d'avoir un écho aussi minable. La vie de débauche emplie de vices qui fut jusqu'ici la mienne, marquée en cet instant présent par une action que la morale ne peut qu'approuver, je parle bien évidemment de mon offre pour vous, ne fait que démontrer une évidence inaliénable : purifier ce corps est probablement impossible pour quelqu'un d'autre que vous. Personne ne possède une science à égale à la vôtre, ce qui explique le besoin urgent de renvoyer cet agencement de bactéries immonde à un état moléculaire moins dérangeant pour vos sens exacerbés.
J'l'aime bien, moi, cette v2.