Mardi 26 février 2008 à 18:58
Il arrive de ces jours. Ces jours... Ces jours où l'on se lève, la tête encore lourde, espérant que notre nuque suffira à porter son poids. Mon T-shirt me collait au thorax, mon jean était complètement froissé. Et ma tête me flinguait. Mais les ruines de mon radio-réveil, éventré sur ma table de nuit, les diodes affichant un désespérant onze heures quarante-cinq, témoignaient de l'urgente nécessité de me lever.
C'est le genre de jour où l'on cherche à tâtons ses chaussons dans le noir, avant de se diriger vers les volets fermés pour laisser passer la lumière. Les volets ouverts, deux choses sautaient aux yeux. D'abord, le fait qu'il fasse nuit. La lune n'était pas spécialement haute dans le ciel, mais c'était indubitable : il faisait nuit, et nuit presque noire, malgré la réflexion des rayons solaires sur l'astre. J'aurais donc dormi une dizaine d'heures supplémentaires. Cela eu pour effet de me faire céder à la tentation et de m'étirer. La deuxième chose qui sautait aux yeux c'était la jeune femme allongée sur mon lit. Je ne me souvenait pas avoir invité qui que ce soit dans mon appartement. Je ne me souvenait pas non plus avoir éventré qui que ce soit, et fait des dessins avec le sang sur les murs. Je tendais la main vers l'interrupteur de la lumière, mais après un rapide regard au plafond, l'ampoule avait éclaté. No light. Ces jours où on est persuadés d'une chose : l'irréel semble parfois si réel.
Elle était belle, cette jeune fille. Elle aurait facilement pu avoir la vingtaine, ou comme moi, aux alentours de dix-neuf ans. De beaux cheveux blonds, longs, qui lui descendaient jusqu'à la poitrine. Poitrine assez sauvagement défoncée, d'ailleurs. Les organes étaient presque reconnaissables, et le cadavre ne sentait pas mauvais, même si la pâleur de cette fille était anormale. N'importe quel débile avec un minimum de sens logique serait parvenu à la même conclusion que moi : elle n'est pas morte il y a longtemps. Dans n'importe quel bon film ou même film de série B les sirènes de flics auraient retentis pour annoncer l'arrivée des chevaliers de la justice, démontrant le fait que j'ai été piégé par un adversaire que je ne connais pas forcément. Mais pas là. Là, c'est du silence, du silence, et du silence. J'aimerais une clope. Là, maintenant. Alors que je ne suis pas fumeur. C'est le bordel.
La logique aurait voulu que j'appelle la police. Mais un seul regard sur le téléphone me fit savoir qu'il était coupé, je n'avais même pas besoin de décrocher le combiné pour m'apercevoir qu'il n'y avait pas de tonalité. C'était dans la logique des choses, tout simplement.
Mon appartement n'est pas grand. Quatre pièces, en fait. Pas une seule n'était propre, comme je devais m'en rendre compte rapidement. Du sang partout. de façon clairsemée ou dense selon les endroits. Mais du sang séché partout sur les murs. Les murs sont blancs d'habitude. Là, ils étaient crasseux. D'autres auraient paniqués, criés, pleurés ou je ne sais quoi encore. Mais j'ai mal à la tête, et je n'ai pas le temps pour ces idioties. Mon frigo approchait du vide absolu, et j'avais faim. J'enfilais donc mes chaussures, attrapait une chemise noire, ma blanche étant elle aussi très sale depuis mon réveil. Une seconde pour vérifier que mon portable et mon portefeuille étaient bien dans mes poches, puis j'allais prendre l'ascenseur, direction le palier. Sauf que je savais qu'il ne répondrait pas non plus, c'est pourquoi j'ouvris la porte de la cage d'escalier, cet escalier en colimaçon, et après un coup de poing sur l'interrupteur qui n'alluma qu'une lumière sur deux, j'entrepris une descente. Une descente depuis le sixième étage. Même dans cette cage d'escalier il y avait des traces de sang séché, tiens. Moins, cela dit.
Le hall de l'immeuble était clean. Clean et illuminé. Comme toujours. Mais une fois dehors, un picotement surgit sur ma nuque et me fit me retourner. Non, ce hall n'est ni clean ni illuminé. Il est sale et sombre.
C'est alors que ça me frappe. Le fait qu'i n'y ai personne dans les rues, et que toutes les voitures soient garées.
Commentaires
Par Apfel le Mardi 26 février 2008 à 22:29
Je suis... comment dire... perplexe.
Par Samedi 15 mars 2008 à 20:38
le comme il a dit le plus haut mais c'est ce qui fait le charme du texte aussi ... dsl pr les mots batos .
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